La paramentique ou les clefs du vestiaire liturgique

Le terme paramentique désigne l’ensemble des vêtements et des ornements utilisés en liturgie dans la religion chrétienne. Le nom, la forme et même la couleur de ces objets religieux, qui sont parfois de véritables œuvres d’art, sont extrêmement codifiés, ainsi que leur usage.

Des origines latines

La normalisation des tissus liturgiques utilisés par la religion catholique romaine résulte d’une longue évolution depuis l’époque antique, bien que leur forte valeur symbolique, développée au cours du Moyen-Age, puisse laisser paraître une certaine cohérence. En réalité, à l’époque paléochrétienne, les rites étaient célébrés par des officiants vêtus de leur costume ordinaire, conforme à la mode vestimentaire de l’époque (tunique, manteau long tel que la pénule, sandales) ; ce costume antique, comprenant pour l’essentiel une robe longue et un vêtement de dessus,  s’est maintenu en Occident durant le haut Moyen-Age, pour la célébration du culte, introduisant de fait une césure avec le vêtement laïc qui, de son côté, va adopter les habits courts.

Un code complexe

C’est surtout au XIXe siècle que des codifications strictes ont été rédigées mais la diversité des coutumes régionales a toujours laissé subsister une certaine complexité, jusqu’aux simplifications amenées par les réformes de la seconde moitié du XXe s. Le vestiaire liturgique peut être réparti en trois catégories : les vêtements, les insignes  et les parements, ces derniers n’étant pas des pièces d’habillement mais des linges destinés aux objets du culte.

Les vêtements des ecclésiastiques

Les vêtements comprennent principalement l’aube, la chasuble, la chape ou pluvial et la dalmatique. L’aube (du latin albus : blanc) est un vêtement de dessous en lin ou en chanvre, prenant la forme d’une tunique longue à manches. Elle n’est pas réservée aux prêtres : les diacres et sous-diacres la portent aussi. Sa couleur blanche symbolise la résurrection, la vie nouvelle offerte par la Pâque, l’entrée dans un monde neuf. L’aube est ceinte d’un cordon ou cingulum, de matière et de couleur variable.

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La chasuble, réservée aux prêtres et évêques, est portée par l’officiant ; elle vient de la casula, une sorte de poncho qui se substitua à la toge romaine. Ce vêtement symbolise la charité dont s’enrobe le célébrant mais il possède également une dimension cosmique et universelle, à cause de sa forme plus ou moins ronde. Il a progressivement pris la forme de « boîte à violon » à la suite de la Contre-Réforme du Concile de Trente : il a fallu, pour des raisons pratiques, compenser la lourdeur due à la sur-ornementation du tissu par une forme simplifiée. Les tissus utilisés sont obligatoirement composés de fils de soie et répondent aux normes des couleurs liturgiques : vert (temps ordinaire), violet (temps du Carême ou de l’Avent, de la Pénitence et des défunts), blanc  (Pâques et Noël, fêtes du Seigneur et de la Vierge Marie), rouge (temps de la Passion, Pentecôte, fêtes des Martyrs). Un colletin, petite bande de tissu blanc ou de dentelle, est souvent cousu à l’encolure de la chasuble pour la protéger du contact de la nuque. Des bandes de tissu parfois brodé, appelées orfrois, participent à l’ornementation de la chasuble. Au dos l’orfroi cruciforme peut être orné en son centre d’un symbole christique.

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Le pluvial (ou chape) est une longue cape en soie, « considéré comme le symbole de la persévérance, parce qu’ils descend jusqu’aux pieds, de joie suprême, à cause de son chaperon, qui est une pièce d’étoffe plate plus ou moins arrondie et cousue dans le dos à l’emplacement de ce qui était auparavant la capuche, et d’immortalité glorieuse en raison de sa robe » (Chatard, 2009) ; il est porté lors de certains offices, tels que les Vêpres et Laudes solennelles par exemple, ou lors de processions ; il est fermé par une patte d’étoffe (pour les prêtres) ou par un fermoir en métal pour les évêques.

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La dalmatique, originaire de Dalmatie, est une tunique en soie ample, assez courte, portée par le diacre sur l’aube ; elle affecte souvent la forme d’un T, ouvert sur les côtés. La tunique, en soie, est l’équivalent de la dalmatique pour le sous-diacre.

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Le surplis (super pelliceum) est une longue chemise de lin à larges manches portée au chœur par les clercs séculiers, directement sur la soutane, comme vêtement liturgique. La cotta est une chemise plus courte que le surplis, en forme de T et à encolure rectangulaire, qui remplace le surplis comme habit de chœur dans certains pays. Le rochet est un vêtement de dessus, sorte d’aube courte, dont le bas est orné d’une dentelle et dont le port est réservé aux cardinaux et évêques. L’amict est un rectangle en toile de lin ou de chanvre pourvu de cordons, porté sur les épaules et le cou, au-dessus du surplis, dans certaines circonstances.

A cet ensemble liturgique s’ajoutent des vêtements particuliers :

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La barrette est une coiffure rigide recouverte de tissu et surmontée d’appendices nommés « cornes ». La couleur et la qualité du tissu dépendent de la fonction du dignitaire : la barrette est rouge pour les cardinaux, violette pour les évêques, noire pour les clercs. La barrette cardinalice en moire est remise solennellement par le Pape au cardinal qui prend ses fonctions. La barrette, interdite aux clercs réguliers (sauf rares exceptions) est portée dans certaines circonstances, comme les processions hors de l’église. L’aumusse est une coiffure de fourrure dont la forme a évolué du chaperon à un carré ; destinée à protéger du froid durant les longs offices, elle fait encore partie de l’habit de chœur de certains chanoines. La calotte est une coiffure ordinaire, de forme hémisphérique, en drap et noire pour les prêtres, qui ne peuvent la porter pendant l’office ; la calotte pontificale est blanche, celle du cardinal est rouge et celle de l’évêque, violette. Il existe depuis le XVe s. une variante hivernale de la calotte pontificale, le camauro, qui est un bonnet de velours ou de satin rouge, bordé d’hermine et dont l’usage a été naguère remis à l’honneur par Jean XXIII et Benoît XVI. La mitre est une haute coiffure conique à deux pointes, à l’arrière de laquelle pendent deux fanons (bandes de tissu) ; elle est réservée aux hauts prélats (pape, cardinaux, évêques et abbés) qui la portent généralement sur une calotte. Le chapeau cardinalice, en feutre rouge à larges bords orné de glands, est donné par le pape à chaque cardinal lors de sa nomination. La tiare ou trirègne est une haute coiffure ovoïde, constituée de trois couronnes superposées (symbolisant la triple souveraineté du pontife : « père des Rois, Régent du Monde, Vicaire du Christ » ou encore l’Eglise militante, souffrante et triomphante), portée par le pape en dehors des services liturgiques ; son usage est abandonné depuis Paul VI ; nous la citons en raison de sa notoriété mais ce n’est pas une coiffure liturgique.

La mozette est une petite pèlerine ou camail, boutonnée sur la poitrine, qui fait partie de l’habit de chœur des évêques mais est aussi portée par les chanoines.

Le pallium est un ornement de laine blanche porté autour du cou par le pape, les archevêques et les primats pendant les célébrations liturgiques.


La soutane est une longue robe boutonnée sur le devant. Au chœur, elle se porte sous les vêtements liturgiques. Elle ser(vai)t de vêtement ordinaire de dessus aux clercs en dehors de l’église. Elle est complétée du col dur, blanc, et du collaro, pièce de tissu hexagonale ou quadrangulaire cachant la chemise à l’échancrure de la soutane. Les gants ou chirothèques (en soie) sont réservés aux évêques et aux cardinaux, sauf privilèges particuliers.

Les « insignes »

Les insignes comprennent l’étole, le manipule et le voile huméral. L’étole, dérivant de la stola (robe antique), est une longue bande d’étoffe de 2,50 mètres élargie aux extrémités, portée différemment en fonction de la position hiérarchique au sein de l’Eglise ; elle est symbole d’innocence et d’immortalité et représente aussi le joug doux et léger du Seigneur ; sa longueur indique « la persévérance que le ministre de Dieu doit avoir en toutes circonstances dans ses œuvres et dans ses actes » ; il existe plusieurs types d’étole selon la fonction exercée par le prêtre (étole pastorale, étole d’administration, cette dernière servant à l’administration de certains sacrements). Le manipule, soit dérivé d’une petite nappe (mappa), soit d’un mouchoir destiné à essuyer la sueur (sudarium), est un genre de petite étole, portée sur le bras gauche et servant à tenir les calices pour l’Eucharistie. Son nom actuel serait à rattacher à sa signification symbolique, le terme manipulus désignant la gerbe de blé, image du travail des hommes et des sacrifices nécessaires à l’obtention du Salut. Le voile huméral est une longue bande de tissu blanc (soie de préférence) ressemblant à un grand châle, présentant à chacune de ses extrémités une poche où le célébrant introduit ses mains pour présenter l’ostensoir.

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Pour simplifier, l’habit du prêtre célébrant la messe ordinaire comprend essentiellement l’aube, la chasuble et l’étole, le diacre portant l’aube, la dalmatique et l’étole.

– Mon Dieu ! Mais bien sûr, il est mort pendant le Carême. Son étole aurait dû être violette.

– Si vous le dites… Quoi qu’il en soit, tout ce vert m’a mis la puce à l’oreille. Une fois de retour chez moi, j’ai fait une petite recherche sur Internet. Le rouge est très rarement de rigueur, d’après ce que j’ai vu. A la Pentecôte, à la Toussaint, pour les confirmations et les ordinations.

Elizabeth George, La punition qu’elle mérite, Presses de la Cité, 2019

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